11/12/2024

Impact local : comment la Polyclinique Bordeaux Rive Droite fait de la RSE une réalité concrète

Embarquer & Mobiliser

Comment impulser le passage à l’action en local ? Quels sont les acteurs à mobiliser quand on met en place une action RSE ? Quels sont les impacts d’une dynamique RSE sur le quotidien des collaborateurs ?

Pour vous offrir un point de vue terrain sur ces questions, Lakaa a eu le plaisir de s’entretenir avec Sylvie BATISSE, cadre adjointe sur le plateau technique et ambassadrice RSE de la Polyclinique Bordeaux Rive Droite (environ 400 employés), qui fait partie du Groupe GBNA Santé, membre de SantéCité.

Elle est accompagnée de Nadine WOLFF, préparatrice en pharmacie, et Doaa LANDRY, responsable qualité. Toutes sont membres du COPIL RSE de la clinique, créé en 2022.

Elles nous détaillent comment les collaborateurs des établissements membres de SantéCité agissent concrètement pour intégrer les valeurs RSE à l’échelle locale.

Pouvez-vous nous parler de quelques actions mises en place dans l’établissement  ?

Sylvie : Pour commencer, on est en train de changer tous les éclairages au sein de la structure. On a déjà un gros pourcentage d'éclairages qui a été converti au LED. En plus de ça, on a mis des minuteurs dans les endroits de passage rapide, les toilettes, etc. pour que les lumières s’éteignent automatiquement. On le ressent sur la consommation en kWh de l'établissement qui diminue nettement. 

On a un réseau social interne, Konecteam, qui a été mis en place en 2023. Ça a été très timide au début. Une appropriation progressive de cet outil de communication a été observée. Aujourd’hui, ce réseau social d’entreprise est une source importante d’informations. 

Nadine : Depuis déjà quelques années, on organise des concours photo par service avec un cadeau à la clé. Il y en a un ou deux dans l'année, sur la période de Noël et pour l’été. Chaque service se prête au jeu en faisant des photos à thème et complètement décalées ! Ça a très bien pris parce que c'est super convivial.

Sylvie : C'est un vrai travail d’équipe. Donc, forcément, il y a une entraide et ça crée un moment très sympathique. 

Par ailleurs, pour tous les salariés nouveaux arrivants au sein de notre structure, il y a des journées d’intégration « les basiques de PBRD (ndlr : Polyclinique Bordeaux Rive Droite) » pour aborder l'organisation et la vie de l'entreprise ainsi que d’autres thématiques obligatoires. Les nouveaux arrivants témoignent souvent de leur grande satisfaction de ces journées et de la qualité de l’accueil qui leur est réservé. Et puis, ils sont avec d'autres personnes de l'établissement, donc ça permet aussi de faire connaissance.

La PBRD participe tous les ans à Octobre Rose en offrant l'inscription aux défis à ses salariés qui souhaitent y participer. Bientôt justement, on aura la photo d'Octobre rose de cette année.

La PBRD, en lien avec notre prestataire hôtelier, lutte également contre le gaspillage alimentaire. On utilise l'application Hop Hop Food, et quand au cours de la journée, la boutique a des restes non vendus, au lieu de les jeter à la poubelle, c’est mis à disposition sur l’application. Ensuite, un salarié qui travaille à la clinique peut aller récupérer la petite chocolatine qui reste, le sandwich au thon que personne n'a voulu. Et ça marche plutôt bien. Ça ne reste pas très longtemps disponible en général ! 

On a aussi le label de la maternité IHAB (Initiative Hôpital Ami des Bébés, label créé par l'OMS et l’UNICEF), dont on est très fier !

Doaa : Pour avoir ce label, il faut respecter une charte composée de 12 recommandations. Elles tournent autour de la prise en charge du bébé avec le respect du projet de naissance des futurs parents. L'objectif principal est de favoriser l'allaitement maternel. On fait tout pour que l'allaitement soit une expérience réussie et pour apprendre à maman à éviter les écueils et les petits tracas qui font qu'elle arrête parce que ça ne marche pas bien. C'est un accompagnement à long terme. 

Cela inclut aussi le respect du rythme de la maman et du bébé. Donc, on ne rentre pas dans la chambre pour réveiller la maman et faire un examen à n'importe quelle heure. On respecte le rythme du bébé et de son sommeil. 

Sylvie : Par exemple, dans cette démarche, la maternité a mis en place le petit déjeuner libre-service.

Doaa : Ce qui favorise aussi la relation des futurs parents avec leur bébé est le peau à peau. Ça consiste à favoriser le contact physique du bébé avec la mère et le père dès la naissance, pendant des heures, et ça renforce les liens mère-enfant et père-enfant.

Sylvie : On fait également une campagne de vaccination annuelle, qui débute en octobre. La maternité organise aussi des ateliers pour les futurs parents sur la santé environnementale

Doaa : L’établissement a également mis à disposition des salariés un parking pour les vélos, et pour les trottinettes aussi, ce qui est moins commun.

Nadine : On essaie de s’améliorer au fur et à mesure. Pas plus tard que tout à l'heure, j'ai discuté avec mon pharmacien parce que la distribution de certains médicaments se fait actuellement dans des petites pochettes en plastique. On va donc voir avec notre pharmacien pour utiliser plutôt des petites pochettes kraft.

Comment trouvez-vous l’inspiration à l’origine de vos initiatives ?

Sylvie : Déjà, avec la création du COPIL RSE en 2022, on se retrouve trois fois par an pour faire un point. Ça permet qu’on discute du sujet, qu’il y ait des remontées d’information, etc. 

Doaa : Le COPIL a été créé sur la base d’un appel à candidatures, donc c'est vraiment une initiative et un engagement personnels, et une envie de faire avancer les choses. Sa composition est multidisciplinaire et multi secteur, donc c’est très enrichissant.

Sylvie : Mais nous aussi, au sein du COPIL, on peut se retrouver un peu à court d'idées. C’est pourquoi on a mis en place une boîte à idées dans tous les services en disant “Voilà, vous soignant, vous intervenant dans la structure, est-ce que vous avez des idées à nous proposer ?”. Là, on est en étude sur une ou deux des idées qui sont ressorties pour réaliser leur mise en place.

Lors du dernier COPIL, la semaine dernière, on a parlé justement de la plateforme Lakaa. J’ai expliqué aux membres qu’on s’était inscrits sur la plateforme en juillet dernier, qu’on avait renseigné nos actions, puis on leur a montré clairement comment était faite la plateforme. On a eu l'adhésion de tout le monde ! Les membres étaient super curieux de savoir qui faisait quoi, qu'est-ce qu'on pouvait faire comme action, etc. Je trouve la plateforme très ludique et motivante pour tous ! Donc Lakaa va aussi nous aider dans ce travail.

Quelles sont les actions dont vous êtes particulièrement fières ?

Sylvie : Le projet de réduire le plastique sur l'établissement en général. C'est une action qui est en cours quotidiennement. Nous avons commencé par supprimer les sacs plastiques dans la boutique de la clinique, en collaboration avec Loghos, notre prestataire hôtelier.

On est particulièrement fières de notre opération coup de poing sur le mois de septembre, qui a été un franc succès : on a enlevé le plastique au self avec la suppression de cloches en plastique et des plateaux repas qui étaient à emporter dans les services. Les soignants amènent leurs propres contenants. C'est quelque chose de très récent, pour lequel il y a eu beaucoup de remises en question, mais finalement, ça a été un franc succès. La grande majorité des professionnels nous a fait des retours très positifs. C'est même eux qui nous ont aidés à temporiser ceux qui étaient très réfractaires pour qu’ils finissent par accepter de ramener leur contenant.

Doaa : On avait des craintes par rapport à cette action, car elle impliquait des changements d’habitudes. Mais malgré les quelques réticents, on considère que c'est une action réussie et qu’on a gagné notre pari ! 

Quel est l’impact de ces actions sur vous et vos collaborateurs ?

Sylvie : Moi je trouve que ça crée une cohésion. Il y a une cohésion au sein du COPIL, déjà. Et après, du fait qu'on aille justement mettre ces actions en place et communiquer dessus, ça va créer une adhésion sur l'ensemble de l'établissement. Je trouve qu’il y a une fierté quand on voit ne serait-ce qu'une petite action comme la suppression du plastique au self qui peut sembler très banale, mais on était partis de tellement loin qu’on en est super fiers aujourd'hui

Nadine : C'est une implication de tout le monde, et donc de voir que tout le monde joue le jeu, c'est gratifiant !

Sylvie : C'est exactement ça. C'est gratifiant

Doaa : Je pense que ça répond aussi à une attente. Parce que les salariés font le tri à domicile. Ils sont sensibilisés sur la thématique. Donc, ils ne comprendraient pas que sur leur lieu de travail, on ne le fasse pas. Ça leur montre qu'on s'intéresse aussi à d'autres choses que les soins du patient. Ils sortent un petit peu de leur quotidien et voient que l'établissement s'engage aussi sur d'autres responsabilités tout aussi importantes. Et finalement, ils ne sont peut-être pas membres du COPIL RSE, mais ils intègrent malgré tout les actions du COPIL. On les intègre dans nos idées et les actions qu'on veut mettre en place.

Quel est l’impact de ces actions sur votre relation avec vos parties prenantes ?

Doaa : Nous essayons d'avoir un impact sur des partenaires, mais ce n'est pas toujours facile. Par exemple, nous avons essayé de faire une action auprès de notre fournisseur de bureautique, parce qu’on a remarqué que nos commandes arrivent dans de très gros cartons alors qu’il s’agit de petits bloc-notes ou stylos. Donc on leur en a parlé, et ils nous ont assuré qu’ils optimisent et que les cartons sont recyclables. Bon, c'était leur réponse. C'est compliqué quand même d'agir sur l'extérieur des établissements. 

Mais notre action, c'est pour leur dire, “Attention, nous on s'intéresse à ces sujets et on aimerait bien que vous puissiez y réfléchir”. Donc peut-être qu’un jour, ça aura un impact.

Sylvie : Par contre, on a la chance d'avoir un établissement et un directeur qui a un parti pris complètement en faveur de la RSE. Et puis, on fait partie du groupe Bordeaux Nord Aquitaine qui a un référent RSE. Il rentre en contact avec les différents établissements avec soit des idées, soit en soutien pour la mise en place des actions. 

Que diriez-vous à une autre clinique qui hésite encore à se lancer dans la mise en place d'actions RSE ? 

Sylvie : Qu'il ne faut pas avoir peur. En effet, c'est beaucoup de travail, c'est beaucoup de communication. Mais si on est entouré des bonnes personnes, aussi motivées que soi-même, il n'y a pas de raison qu'on n'y arrive pas

Nadine : Je dirais un petit pas pour un grand pas. 

Doaa : Oui, c'est exactement ça. Ça peut faire peur et sembler insurmontable parce qu'on a tendance à croire qu'il faut faire des grandes actions très impressionnantes, mais pas du tout. En fait, ce sont des petites choses mises bout à bout qui sensibilisent et font leur effet. 

“Commencer petit pas par petit pas, c'est le chemin de la réussite.”

- Doaa Landry, responsable qualité de la Polyclinique Bordeaux rive Droite

Sylvie : Et parfois, il y a des actions qu'on fait au quotidien sans se rendre compte qu’elles sont RSE. Je trouve que la plateforme Lakaa nous a vraiment mis ça en lumière. Et c'est là qu'on s'est dit, “Mais en fait, on fait plein de choses !”. Et c'est ça qui est bien avec la plateforme, ça les met en évidence et ça les met en valeur. 

Quels sont les prochains projets RSE de la clinique ?

Sylvie : Alors, on a cette fameuse boîte à idées qu'on est en train de décortiquer pour voir ce qui en ressort. On a parlé aussi d'une boîte à lire pour les soignants, à leur demande. 

On veut aussi mettre en place le don du sang dans l'établissement ou pas très loin, parce qu'il y a un souhait de certains soignants de pouvoir donner. Or ce n’est pas toujours faisable sur les heures de travail. 

Nadine : On aimerait faire participer l’établissement à la course des lumières. C’est une course organisée par le CHU pour participer au financement sur les maladies et les familles d’accueil des malades.

Doaa : On est également en train de travailler avec la direction sur un projet TMS Pro. Il s’agit de prévenir les Troubles Musculo-Squelettiques de nos professionnels de santé. C'est un travail qu'on fait avec la Carsat (caisses d'assurance retraite et de la santé au travail) et la direction, avec des représentants des professionnels de santé qui vont être formés pour nous aider à faire le diagnostic et faire des actions de prévention. C'est un gros projet. 

Quels sont vos objectifs et défis pour les années à venir ?

Sylvie : Qu'on puisse continuer à tenir notre COPIL RSE, qu'on puisse continuer à travailler comme ça et à mettre en place des actions. Là, clairement, je ne pense pas que ce soit vécu comme une corvée par les soignants. J'aimerais que ça continue comme ça, et qu’on ait de plus en plus d'adhérents.

Mais je n'ai pas de doute sur le fait que ça perdure et qu'on aille qu'en s'améliorant, étant donné les nombreuses idées au sein de l’établissement et l'investissement de tous. 

 

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