Dernièrement Lakaa a eu le plaisir d’organiser deux webinars sur un sujet on ne peut plus actuel : la CSRD. Grâce au regard d’expert de Marena Eirich, directrice du pôle conseil au sein du cabinet Des Enjeux et des Hommes et au témoignage d’Alexis Papon, Directeur RSE d'Elior, nous avons pu présenter les grandes lignes de cette directive et les implications pour les entreprises déjà et bientôt concernées.
Pour diffuser au plus grand nombre leur regard d’expert, vous trouverez dans ces deux articles une synthèse des éléments à retenir. Pour aller plus loin, vous pouvez visionner le replay du webinar. Dans ce second article vous retrouverez les commentaires de Marena sur le passage de la théorie à la pratique ainsi qu’un retour d’expérience inspirant d’Alexis Papon.
Qui embarquer et comment ?
Selon Marena, comme pour tout grand projet, le CODIR est un élément clé. Il serait très difficile d’organiser un travail approfondi surtout en cas de première publication d’un rapport de durabilité sans sponsor au plus haut niveau. Ensuite en fonction des ESRS identifiés par l’entreprise un grand nombre de services peuvent être sollicités, l’équipe projet pourra donc être constituée de personnes de la RSE mais aussi et surtout de responsables financiers, RH, achats, risques et toute autre personne motivée à participer ! Sans oublier que pour la ou les personnes porteuses du projet en interne, il sera nécessaire d’expliquer l’enjeu que représente la démarche au-delà de la conformité.
Si ces éléments vous semblent encore flous, notre premier article est là pour vous.
Quant à l’organisation, comme pour tout projet, les réunions, ateliers de travail, formations et ateliers de cotation seront utiles. Cela doit permettre de co-créer avec les services concernés la feuille de route, un élément essentiel pour que le projet soit pris à bras le corps par un maximum de collaborateurs. De même pour le CODIR, dont il faut obtenir a minima la validation. Une bonne pratique à avoir en tête est de construire un plan de communication interne pour engager et sensibiliser un maximum de personnes.
Témoignage d’Alexis Papon, directeur RSE d’Elior.
Acteur majeur de la restauration collective en France, Elior possède plusieurs centaines d’implantations sur le territoire. En pleine restructuration de sa démarche RSE, le groupe a pu s’appuyer sur la CSRD pour en faire la colonne vertébrale de son plan d’action.
Selon Alexis Papon, le plus important est de comprendre comment cette directive va s’appliquer au cas précis de l’entreprise. Pour décrypter ces éléments, une personne à plein temps en interne est dédiée à ces tâches.
Mis à part la compréhension de ces premiers enjeux, tout le projet a été largement partagé à d’autres parties prenantes internes, il a donc fallu communiquer et organiser des ateliers pour que l’ensemble des collaborateurs concernés se rendent compte de la dimension stratégique que représentait cette nouvelle directive. Ce n’est pas un projet qui peut se cantonner à l’équipe RSE ; il engage nécessairement toute l’entreprise !
Ensuite, ce sont tous les collaborateurs qui ont été interrogés ainsi que les fournisseurs, les clients et les consommateurs finaux pour construire la matrice de double matérialité. La matrice est une synthèse de tout ce travail et permet de garder en tête le travail effectué.
La CSRD intègre elle le concept de la double matérialité, les entreprises sont tenues de fournir les informations suivantes :
- L’impact des activités de l’entreprise sur la société et sur l’environnement, incluant le climat.
- Expliquer comment ces enjeux de durabilité impactent l’entreprise (notamment comment cela crée des risques et des opportunités financières pour l'entreprise).
L’analyse de double matérialité est le point de départ du reporting prévu par la CSRD et permettra à l'entreprise de hiérarchiser les enjeux et de définir les indicateurs adéquats.
Chaque entreprise soumise à la CSRD doit produire une matrice de double matérialité, afin d'illustrer sa logique de priorisation des ESRS et des critères ESG.
Dernier point fondamental, maintenant que la matrice est réalisée et que les enjeux, indicateurs et objectifs liés sont définis il faut s’atteler à piloter la démarche. Chez Elior, le choix a été fait de faire des ateliers avec les différents métiers pour que chaque département intègre les objectifs dans sa propre feuille de route. Cela permet à l’équipe RSE d’animer le projet dans sa globalité tout en laissant la main aux personnes les plus compétentes dans chacun des secteurs clés. Cela transforme ainsi l’exercice de reporting en véritable outil de pilotage de la performance.
Que retenir ?
La première année ce sera surement un travail fastidieux et difficile, il faut donc capitaliser sur tous ces efforts et mettre en avant l’évolution de la stratégie RSE en interne : Comment s’est améliorée l’entreprise sur les impacts négatifs ? Qu’a t’elle prévu de faire dans les années à venir ? Et quelles sont les sources de fierté à ce jour ?
La CSRD doit être vu comme un outil d’aide à la prise de décision, qui permet grâce à l’analyse de la matrice de double matérialité d’établir une priorisation des enjeux et actions à mener, avec une forte attention portée sur les différents impacts tout au long de la chaîne de valeur.
Aussi et surtout, la CSRD est à considérer comme un projet pouvant apporter un avantage compétitif certain pour les entreprises qui auront l’ambition d’utiliser tout son potentiel transformateur.